Ils construisent une piscine naturelle filtrée par les plantes aquatiques et avec des poissons

Les piscines naturelles intriguent autant qu’elles séduisent. Contrairement aux piscines conventionnelles, elles fonctionnent sans produits chimiques. À Echologia, un site pionnier dans les solutions écologiques et aquatiques situé en Mayenne, une piscine naturelle unique accueille des baigneurs et même… des poissons. Mais comment cela fonctionne-t-il réellement ?

Une eau vivante, cristalline et écologique

Cette piscine est plus qu’un simple lieu de baignade, c’est un écosystème. L’eau y est claire comme du cristal grâce à un système en boucle fermée inspiré de l’aquaponie. « L’eau est recyclée en permanence », expliquent les responsables. Des bactéries et des plantes filtrantes assurent la purification, créant une eau dite « vivante ». Ce concept s’oppose radicalement aux piscines chlorées ou salées. Ici, les microbes sont des alliés, tout comme la flore bactérienne dans notre intestin favorise la santé.

Comme le souligne Guillaume Beucher co-créateur de Echologia :

« Quand la flore bénéfique est en place, il n’y a aucun problème ; les pathogènes ont beaucoup plus de mal à s’installer. »

L’équilibre est maintenu grâce à des précautions techniques, comme des grilles de protection pour éviter que les animaux ne soient aspirés par les pompes.

Les bienfaits pour la santé des piscines naturelles

Se baigner dans une piscine naturelle, c’est aussi profiter des bienfaits d’une eau vivante. Contrairement à une piscine chlorée ou salée, cette eau est douce pour la peau et les muqueuses. « Des gens qui viennent se baigner ici, ayant des problèmes de peau ou des allergies, ressortent sans aucune gêne », explique Guillaume.

Sans chlore ni produits chimiques, il n’y a pas de risque d’irritation, et il n’est même pas nécessaire de prendre une douche après la baignade, bien que cela soit conseillé. Les propriétés naturelles de l’eau favorisent également une immersion plus agréable et plus respectueuse de la santé.

Les défis techniques de l’installation

La construction d’une piscine naturelle demande un investissement technique important et un savoir-faire spécialisé. À Echologia, ce projet a été réalisé en collaboration avec la Ferme Aquacole d’Anjou, un partenaire expérimenté dans le domaine. Le bassin de baignade mesure 16 m par 8 m, avec une profondeur de 2,4 m, entouré de zones de phytoépuration d’un mètre de fond remplies de graviers filtrants.

Des matériaux spécifiques, comme des bâches imperméables en EPDM, ont été utilisés pour garantir l’étanchéité, tandis qu’un système de cascade favorise l’oxygénation de l’eau. L’ensemble du système repose sur une boucle fermée, où l’eau est constamment recyclée grâce à des plantes et des bactéries.

« Ce n’est pas quelque chose que l’on installe en un week-end, » précise l’équipe, « mais une fois en place, c’est durable et économe en énergie. »

Ce travail collaboratif a permis de réduire les coûts, le projet ayant coûté environ 25 000 euros, tout en garantissant une efficacité optimale.

Les poissons dans les piscines naturelles

L’intégration de poissons dans une piscine naturelle est une particularité audacieuse. À Echologia, des carpes koï, des poissons rouges, et même des esturgeons ont été introduits après une mise en quarantaine pour éviter toute contamination. Les poissons jouent un rôle dans l’équilibre biologique en apportant des nutriments bénéfiques pour les plantes filtrantes.

« Aller se baigner avec les poissons et les voir, c’est vraiment un régal. C’est une connexion unique avec la nature. »

Toutefois, certaines espèces posent des défis. Les esturgeons, par exemple, se montrent particulièrement familiers et recherchent souvent le contact humain. Cela a mené à des incidents, comme des manipulations inappropriées par les visiteurs. Pour leur sécurité, ces poissons ont été déplacés vers un autre bassin non accessible au public.

Les défis d’une piscine naturelle

Un entretien spécifique et une résilience étonnante

Bien qu’écologique, ce type de piscine nécessite un entretien rigoureux. Les huiles solaires, par exemple, peuvent poser problème en créant une pellicule grasse à la surface. Pour y remédier, des systèmes de skimmers éliminent ces impuretés avant qu’elles ne causent des déséquilibres bactériens.

Depuis 2012, cette piscine n’a été vidée qu’une seule fois. Lors de rares incidents, comme l’arrivée inopinée d’une famille de ragondins, les mesures correctives ont rapidement permis à l’écosystème de se stabiliser. Une résilience comparable à celle de notre microbiote !

« La piscine a une énorme résilience : dès qu’on enlève la source de trouble, tout se remet en place de manière équilibrée, exactement comme nos intestins. »

La réglementation : Un casse-tête bureaucratique

Naviguer entre les normes des piscines conventionnelles et celles des étangs naturels n’est pas chose aisée. Le projet a dû jongler avec des exigences contradictoires, comme l’installation de pédiluves chlorés, qui auraient détruit l’équilibre biologique. Un compromis a été trouvé grâce à des dérogations spécifiques.

 

Pour retrouver le travail réalisé chez Ecologia / Aquaponia

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