Ils ont sauvé 1 milliard de litres d’eau avec une poterie millénaire

À Saint-Jean-de-Fos, une petite entreprise artisanale redonne vie à une technique oubliée, mêlant tradition, engagement social et écologie pragmatique.

C’est au cœur du village de Saint-Jean-de-Fos, dans l’Hérault, que l’équipe de L’ArchiPelle est partie à la rencontre d’une entreprise hors du commun : Oyas Environnement. Leur mission ? Réintroduire une méthode d’irrigation vieille de plus de 2000 ans grâce à des poteries en terre cuite microporeuses, appelées « oyas ».

Derrière cette aventure, deux fondateurs : Frédéric et Bastien. Anciens travailleurs du secteur social, ils ont lancé Oyas Environnement en 2014 avec… 30 euros de capital social. Dix ans plus tard, l’entreprise a produit plus d’un million d’oyas et permis d’économiser plus d’un milliard de litres d’eau.

« Quand on a démarré, tout le monde nous prenait un peu pour des fous », confie Frédéric. Leur idée ? Relancer une méthode d’irrigation ancestrale fondée sur la capillarité et la microporosité de l’argile. Enterrées dans la terre, les oyas diffusent l’eau lentement, en fonction des besoins de la plante, sans gaspillage.

Un savoir millénaire, remis au goût du jour

La technique des oyas est attestée depuis plus de deux millénaires en Chine, en Afrique du Nord ou encore en Amérique du Sud. Utilisées par les peuples agricoles pour économiser l’eau dans les climats arides, ces poteries sont aujourd’hui redécouvertes comme une solution low-tech adaptée à notre époque.

Oyas Environnement a su réadapter cette technique ancestrale aux jardins modernes, que ce soit pour des particuliers, des collectivités, ou même des exploitations agricoles. En enterrant ces pots près des plantes, l’eau est diffusée directement au niveau des racines, limitant l’évaporation et favorisant une croissance saine et durable des végétaux.

 

Une fabrication 100 % artisanale

Le reportage nous emmène dans les coulisses de l’atelier de production. Chaque oya est façonnée à la main par une équipe d’artisans formés sur place. Le processus de fabrication suit plusieurs étapes rigoureuses :

  • Le tournage manuel de chaque pièce, avec une précision acquise au fil des années,
  • Le séchage progressif, crucial pour éviter les fissures,
  • La cuisson à plus de 1000°C dans des fours spécifiques,
  • La vérification minutieuse de la microporosité, pour garantir une irrigation optimale.

Rien n’est laissé au hasard. Même les cartons d’expédition sont pensés pour limiter l’impact environnemental : sans plastique, recyclables, et testés via des crash-tests maison simulant les pires conditions de transport.

Une entreprise solidaire et résiliente

Au-delà de la technologie, ce sont les valeurs humaines qui marquent. Oyas Environnement est structurée autour d’une gouvernance partagée. Chaque salarié est actionnaire de l’entreprise. L’objectif : impliquer chacun dans la vision et les décisions.

« On n’est pas là pour faire du profit à tout prix. On veut que notre travail ait du sens, pour nous et pour la planète. »

Les profils au sein de l’équipe sont variés : certains viennent de l’artisanat, d’autres d’horizons totalement différents. Ce brassage de parcours crée une dynamique unique, où l’entraide et l’innovation vont de pair. Et ça fonctionne : zéro turnover depuis 10 ans.

Une innovation continue

Toujours dans l’esprit de répondre aux besoins du vivant, Oyas Environnement ne cesse d’innover. Dernier né de leurs ateliers : un composteur en argile à enterrer, permettant de transformer les déchets organiques en fertilisant naturel directement dans le sol. Une idée simple, durable, et parfaitement cohérente avec leur philosophie.

Un modèle inspirant

Ce qui frappe chez Oyas Environnement, c’est l’équilibre entre tradition et modernité. En réactivant une technique oubliée, l’entreprise démontre qu’il est possible de conjuguer artisanat, écologie et économie locale. Dans un monde en quête de solutions durables, cette poterie millénaire devient bien plus qu’un objet : elle devient un symbole.

« On n’avait pas de diplôme en céramique, mais on avait une idée et la volonté d’en faire quelque chose d’utile. »

Une belle leçon d’autonomie, de résilience… et de simplicité efficace.

Reportage complet à voir sur la chaîne L’ArchiPelle

🌍 Pour en savoir plus : https://www.oyas.eco

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