Artisanat autonome : entre enduits naturels, impression végétale et céramique

Dans cet épisode de L'ArchiPelle, nous plongeons dans l’univers créatif de Catherine, qui a fait de sa maison un véritable laboratoire de techniques artisanales : enduits à la chaux et à la terre, impression végétale sur tissu et céramique à partir d’argile locale. Une immersion rare dans les coulisses de la décoration faite main, inspirée par les voyages et enracinée dans le lieu de vie.

Un atelier né d’une ancienne étable

C’est dans une ancienne étable rénovée que Catherine a installé son atelier. Les murs ont été refaits avec des enduits à la chaux, en utilisant un sable local rouge qui donne une teinte naturellement chaude et jaune. Des petits éléments décoratifs comme des morceaux de miroirs ou des motifs gravés viennent ponctuer les murs, dans une esthétique influencée par ses voyages, notamment en Nouvelle-Zélande.

« On aurait pu simplement mettre du carrelage classique, mais on s’est dit : tiens, un petit soleil ici, ça fera sympa. »

Enduits décoratifs et techniques artistiques

L’atelier regorge de surfaces d’essai, où Catherine expérimente des pigments, des textures et différentes techniques : stuc, sgraffito, fresco, incrustations. Chaque mur devient une toile. La terre, le sable, la chaux et les pigments naturels sont mélangés avec soin pour créer des effets marbrés ou des motifs en relief.

« J’ai laissé aller le geste, en musique. Chaque tableau a sa musique de création. »

Elle privilégie des formats plus petits aujourd’hui, après des années à enduire des murs entiers : « J’avais envie de continuer l’exploration des couleurs, mais sur des surfaces plus petites. »

L’art du fresco : quand la chaux devient toile

La technique du fresco consiste à appliquer des pigments dilués à l’eau directement sur l’enduit encore frais, dans un moment précis entre humidité et sécheresse. Une technique exigeante, proche de l’aquarelle, mais qui offre des couleurs durables et éclatantes, avec très peu de pigment.

« C’est le moment magique où le jaune rentre juste comme il faut dans l’enduit. »

Impression botanique : la nature comme matrice

Depuis quelques années, Catherine explore aussi l’impression botanique, ou eco print. En posant des feuilles et des fleurs directement sur du tissu préalablement préparé (mortaisé), elle obtient des empreintes végétales uniques. Le tout est cuit à la vapeur pendant plusieurs heures dans une poissonnière.

« On ne peut jamais refaire deux fois le même tissu. C’est la surprise à chaque fois. »

Les fonds varient selon les bains utilisés (vinaigre, jus d’oignon, tanin, etc.), et les plantes réagissent différemment selon leur nature (acide, à tanin, à couleur) et leur saison de récolte. L’oxalis, par exemple, agit comme un agent de blanchiment naturel.

Le travail de la terre : de l’argile locale à la céramique

L’argile extraite directement sur le terrain devient matière première pour la céramique. Catherine la transforme en pains d’argile après l’avoir laissée sécher sur tissu. Elle crée des objets simples mais uniques : carreaux, pions de jeux, petits bols, boutons…

« Je ne veux pas industrialiser le processus. Le plaisir est dans le faire avec les mains. »

Certaines pièces sont polies à la main pour créer de la terre sigillée, puis enfumées dans des braises, donnant un aspect brut et minéral. D’autres sont émaillées à base d’oxydes (comme le cobalt) et cuites dans un four à bois construit sur place.

Un four à bois fait maison

Avec Thierry et l’aide d’amis potiers, Catherine a construit un four à bois capable d’atteindre 1280°C, essentiel pour cuire certaines pièces. Il fonctionne comme un poêle de masse, avec une circulation contrôlée des flammes, optimisant la chauffe tout en restant écologique, en utilisant le bois du terrain.

Retrouver le lien avec les matières

Catherine conclut en partageant ce que ces pratiques lui apportent :

« Ce qui me remplit depuis des années, c’est de faire avec mes mains, avec les matières qui m’entourent. Ça me fait du bien. »

Loin des écrans, ce retour à la matière et au geste manuel résonne comme un appel à ralentir, à créer, à renouer avec le tangible.

Pour Retrouver Catherine et Thierry de Terres de vent : https://linktr.ee/la_roussiere

💚 Soutenez notre média indépendant

Chaque année, L’ArchiPelle parcourt la France pour rencontrer des experts et des passionnés afin de partager leurs savoir-faire. La réalisation de ces vidéos demande des moyens importants, et votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer. Chaque don, même modeste, fait une grande différence.
Merci pour votre générosité !
» Faire un don

Abonnez-vous gratuitement à la lettre d’info de l’ArchiPelle

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité

À découvrir également

Le feu, le métal et la mémoire des gestes : Jérémy ROGER, forgeron taillandier en Isère

Le feu, le métal et la mémoire des gestes : Jérémy ROGER, forgeron taillandier en Isère

Ils sont moins de cinq en France à maîtriser un savoir-faire aussi ancien et exigeant. Le métier de taillandier, le forgeron des outils, semble venir d’un autre âge. Et pourtant, dans son atelier LET à CLELLES-EN-TRIEVES dans le département de l’Isère, Jérémy Roger perpétue cette tradition avec la rigueur d’un artisan d’hier et la créativité d’un inventeur d’aujourd’hui.

Le PARADIS : nous l’avons CONSTRUIT nous-mêmes avec une MAISON en TERRE PAILLE depuis 30 ans

Le PARADIS : nous l’avons CONSTRUIT nous-mêmes avec une MAISON en TERRE PAILLE depuis 30 ans

À la Roussière, dans le sud de la Mayenne, Catherine et Thierry ont transformé l’ancienne ferme familiale en un lieu unique, pensé comme un véritable écosystème autonome. Leur parcours, jalonné de voyages, de rencontres et de chantiers collectifs, illustre parfaitement ce qu’on appelle aujourd’hui un écolieu : un espace où habitat, énergie, agriculture et lien social se réinventent en harmonie avec la nature.

Une turbine low-tech au service de l’autonomie énergétique et de la biodiversité

Une turbine low-tech au service de l’autonomie énergétique et de la biodiversité

Dans un ancien moulin des Pyrénées, l’association Vicetta expérimente une turbine low-tech en bois, respectueuse des poissons et de la biodiversité. Une démarche collective qui mêle énergie renouvelable, patrimoine, sobriété numérique et autonomie locale. Un projet concret et inspirant à l’échelle d’un petit ruisseau… mais aux idées puissantes.

Guédelon : le château bâti à la main, comme au Moyen Âge, sans pétrole ni électricité

Guédelon : le château bâti à la main, comme au Moyen Âge, sans pétrole ni électricité

Depuis 28 ans, artisans et passionnés relèvent un défi incroyable : reconstruire un château fort du XIIIe siècle avec les techniques, les outils et les matériaux d’époque.
À Guédelon, en Bourgogne, chaque pierre est taillée à la main, chaque poutre assemblée sans clous, chaque geste répété selon les savoir-faire médiévaux.
Nous avons passé une journée complète sur le chantier pour rencontrer ces artisans d’un autre temps. Voici ce que vous allez découvrir dans ce reportage.