De Paris à la montagne : un parcours vers la résilience
Rien ne prédestinait ce couple formé d’un designer industriel et d’une designer textile à quitter la région parisienne pour s’installer dans un petit village ariégeois. Après plusieurs années de vie en camion aménagé, ponctuées de voyages et d’ateliers partagés, ils s’installent à Sentein pour ancrer leur démarche dans un lieu et un territoire.
« On voulait mener une vie artisanale, plus agréable pour nous, en cohérence avec nos envies et nos valeurs. »
Low-tech : une philosophie plus qu’une solution
Au cœur de leur démarche, une vision exigeante mais accessible de la low-tech : des objets conçus pour répondre à des besoins réels, réparables, durables, et construits à partir de matériaux accessibles ou récupérés.
« Un objet low-tech, c’est un objet qui répond à nos justes besoins, qui est durable et réparable. »
Cette approche dépasse le simple bricolage. Elle questionne notre rapport à la consommation, à la technologie et au confort. Il ne s’agit pas de tout remplacer, mais de compléter intelligemment ce qui existe, pour aller vers plus d’autonomie et moins de dépendance.
Des systèmes low-tech, simples, ingénieux… et beaux
Dans leur atelier, Yoann et Alizée ont développé une foule de dispositifs, de la machine-outil à pédale (conçue à partir d’une ancienne machine à coudre) à un poêle bouilleur fabriqué à partir de bouteilles de gaz, en passant par une éolienne pédagogique fabriquée avec des moteurs d’ordinateurs récupérés. Tout est pensé pour être accessible, reproductible et éducatif.
Leur approche intègre aussi l’esthétique et l’envie. Un objet low-tech, pour être adopté, doit aussi donner envie de l’utiliser et s’intégrer harmonieusement dans un habitat.
Un habitat autonome en pleine montagne
À une demi-heure de marche de leur atelier se trouve leur grange, perchée au cœur des montagnes ariégeoises, totalement isolée du réseau. Elle leur sert de terrain d’expérimentation grandeur nature : eau de pluie, panneaux solaires thermiques, chauffage au bois, ventilation naturelle, système de filtration, bain norvégien chauffé au feu de bois… tout est conçu pour viser un maximum d’autonomie.
« Ce qu’on cherche, c’est pas l’autonomie absolue, mais l’autonomisation face à certains systèmes : l’électricité, l’eau, la production d’objets. »
Chaque détail est pensé en fonction de l’environnement, des contraintes d’accessibilité et de la saisonnalité. Le réseau de chauffage par panneaux thermiques est couplé à un poêle bouilleur pour maintenir la maison hors gel, même en leur absence.
Un projet de société, pas une utopie isolée
Ce que propose Chemins de faire, ce n’est pas un retour au Moyen Âge, mais une vision réaliste et désirable d’un autre mode de vie. Leur travail, c’est aussi l’éducation, la transmission, la documentation. Leurs machines sont open source, leurs projets documentés, leurs livres diffusent des connaissances pratiques pour qui veut s’y mettre à son tour.
Une autonomie choisie, non subie
Dans cette aventure, l’autonomie n’est pas un absolu ni une fin en soi. Elle est vue comme un processus, un curseur personnel à ajuster.
Pour aller plus loin : former, transmettre, inspirer
Ce mode de vie s’ancre dans une volonté de partage. L’objectif de Chemins de faire est de montrer que c’est possible, et surtout que c’est désirable. Si certains ne veulent ou ne peuvent pas tout fabriquer, il est aussi important de rendre ces objets accessibles, sans tomber dans les travers de la consommation de masse.
Conclusion : une vie simple, belle et résiliente
Loin d’un discours survivaliste, Alizée et Yoann proposent un autre récit : celui d’une transition joyeuse, intelligente, créative. Un récit qui ne cherche pas à faire peur, mais à donner envie. Et qui, loin d’être marginal, pourrait bien devenir la norme de demain.