Pourquoi la permaculture n’est-elle plus autant à la mode ?

La permaculture, autrefois acclamée comme une solution révolutionnaire aux défis environnementaux et sociaux, semble aujourd’hui moins présente dans les discussions populaires et médiatiques. Pourtant, ses principes restent pertinents. Pourquoi alors cette méthode durable attire-t-elle moins l’attention ? Examinons les raisons.

6 raisons possibles

1. Un effet de mode qui s’estompe ?

Comme tout mouvement novateur, la permaculture a connu un pic d’intérêt, notamment dans les années 2010, en raison de la crise climatique et des confinements liés à la pandémie de COVID-19. Cependant, après cette période de médiatisation intense, l’attention s’est dispersée vers d’autres sujets environnementaux comme la sobriété énergétique ou les innovations technologiques (énergies renouvelables, alimentation cellulaire)​​.

Une référence en France dans le domaine de la permaculture, la Ferme du Bec Hellouin continue de partager ses avancées sur les réseaux sociaux et de former des élèves.

2. Des contraintes pratiques

  • Temps et efforts nécessaires : La permaculture demande un investissement personnel conséquent. Planifier un jardin ou une ferme en respectant ses principes peut être complexe et décourager les néophytes.
  • Rendements perçus comme faibles : Bien que les adeptes insistent sur la durabilité et la qualité des productions, certains considèrent que les rendements à court terme sont insuffisants pour des besoins commerciaux ou de subsistance à grande échelle​​.

3. Une récupération partielle par le grand public

De nombreux principes permaculturels, comme le compostage, le paillage ou les jardins-forêts, ont été adoptés individuellement sans nécessairement respecter l’ensemble de la philosophie. Cette fragmentation a réduit la visibilité de la permaculture en tant que système complet, la limitant à une série de techniques isolées appliquées sans la vision globale originelle​​.

Exemple avec Les Enfants de la Terre une chaîne qui parle des paillages ou de jardins-forêts

 

4. Une concurrence avec d’autres concepts verts

Des alternatives comme l’agriculture régénérative, la syntropie ou l’agroforesterie attirent davantage l’attention, parfois considérées comme plus modernes ou mieux adaptées aux exigences des politiques publiques et des marchés agricoles​. De plus, les initiatives à grande échelle, souvent appuyées par des subventions, se concentrent sur des solutions techniques plus mécanisées, éloignant les individus des systèmes participatifs comme la permaculture​.

5. Des défis face aux critiques

  • Manque de preuves scientifiques solides : Malgré des exemples réussis et de nombreuses études scientifiques, la permaculture est parfois perçue comme un système peu mesurable ou difficilement applicable à grande échelle.
  • Un discours parfois idéalisé : Le message porté par certains défenseurs de la permaculture peut sembler utopique, voire déconnecté des réalités économiques et sociales actuelles​​.

6. Un virage technologique de la société

La transition numérique et les nouvelles technologies captivent aujourd’hui les esprits. Les initiatives axées sur des solutions high-tech, comme les fermes verticales ou l’agriculture cellulaire, volent la vedette à des systèmes plus traditionnels et naturels comme la permaculture​​.

Pourquoi la permaculture est-elle moins présente aujourd’hui ? Avec l’exemple de Rémi du Jardin d’Émerveille

Dans une de ses récentes vidéos, Rémi du Jardin d’Émerveille explique pourquoi il a décidé de ne plus utiliser le mot « permaculture » sur sa chaîne, tout en continuant à appliquer ses principes. Son raisonnement met en lumière des problématiques qui pourraient expliquer pourquoi la permaculture semble moins à la mode.

 

Un mot trop utilisé et vidé de son sens

Rémi remarque que le terme « permaculture » est devenu omniprésent, souvent utilisé à tort et à travers pour justifier des pratiques diverses. Cela peut irriter certains et réduire l’attrait du concept pour les nouveaux publics. En disant que « ça, c’est perma » ou « ça, ce n’est pas perma », des débats stériles peuvent émerger, éloignant l’essence même de la démarche​​.

Les limites d’un discours dogmatique

Selon Rémi, présenter des actions sous l’étiquette de permaculture peut donner l’impression d’imposer des règles strictes ou des dogmes. Cela peut rebuter ceux qui ne sont pas déjà convaincus par le concept. En partageant un exemple, il montre que des principes permaculturels comme la multifonctionnalité peuvent être adoptés sans nécessairement être associés à ce terme : « Si je vais en ville, je regroupe mes tâches pour maximiser mon déplacement. C’est logique, pas besoin de dire que c’est perma. »​.

L’impact des cases trop étroites

Rémi souligne que mettre des idées dans des « cases » trop rigides, comme celle de la permaculture, peut freiner leur adoption par un plus large public. En cessant d’utiliser le mot « permaculture », il espère toucher un public plus diversifié et éviter des réactions négatives liées à l’usage excessif du terme​​.

Une invitation à l’ouverture

Pour Rémi, la permaculture est avant tout une philosophie pratique qui repose sur des principes simples et efficaces. Mais l’important n’est pas le terme utilisé, mais les résultats obtenus. En abandonnant l’utilisation systématique du mot, il espère promouvoir l’idée sans la contrainte de devoir la justifier ou la défendre à chaque instant​​.

Conclusion

Bien que la permaculture soit moins médiatisée, elle n’a pas perdu de sa pertinence. Au contraire, son approche reste une alternative précieuse face à la crise écologique actuelle. Si elle semble moins « à la mode », c’est peut-être parce qu’elle a déjà intégré le quotidien de nombreuses personnes de manière discrète mais efficace. La tâche consiste désormais à la repositionner non pas comme une tendance passagère, mais comme un pilier incontournable de la transition écologique.

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